Cette année, la journée des adhérents de l’ADBS (Association des professionnels de l’information et de la documentation) a eu pour thème
réseaux personnels, réseaux professionnels : apports & complémentarités
Le poids pris par les réseaux sur le Net nous interpelle tous et nous avons parfois du mal à nous y retrouver entre l’intérêt à titre personnel et celui à titre professionnel. L’opportunité du sujet est donc indéniable et son traitement bienvenu.
Chacun se situe sur une échelle de type Richter
. les fanas inscrits dans de multiples réseaux dès leur apparition,
. les équilibrés qui ont su faire la part des choses, sélectionner le ou les bons réseaux et se lancer,
. les timides qui appartiennent à l’un d’entre eux mais n’y participent guère,
. les hésitants qui veulent en savoir plus sur le principe et se renseignent,
. les prudents qui attendent de voir,
. les récalcitrants qui râlent après ce “truc” de plus sans trop savoir pourquoi.
En conséquence, selon l’échelon de l’échelle sur lequel on se situe, cette journée ne pouvait être qu’intéressante pour y voir plus clair.
Voici la présentation faite sur le site de l’ADBS
“Appartenir à un réseau virtuel ou à un réseau plus classique de type association professionnelle, répond aujourd’hui à un besoin social fort d’échanges, de partage et d’enrichissement personnel. Au-delà des apports personnels indéniables (sentiment d’appartenance à une communauté, visibilité et communication renforcées, développement des compétences …), la pratique des réseaux est créatrice de valeur et est un levier puissant lors des lancements de projet qu’ils soient professionnels ou personnels.
Ces bonnes pratiques des réseaux, leurs limites aussi, seront au cœur de cette journée d’étude conçue pour les adhérents de l’Adbs“.
Sept axes de présentation ont été abordés pour traiter le sujet (cf sommaire ADBS) :
1. Le point de vue sociologique avec Dominique Cardon, sociologue du Laboratoire Sense, d’Orange Labs “pourquoi s’inscrit-on dans un réseau, comment on le choisit, comment on s’y implique”
==> Présentation importante pour les non-initiés. Pour ceux qui ont déjà creusé le sujet, rien de bien nouveau, mais une petite révision ne fait jamais de mal.
2. Faut-il faire preuve d’expertise pour devenir membre d’un réseau professionnel, telle est la question soulevée par Jérôme Delacroix, consultant en management coopératif, Coopératique et Nearbee dont l’intitulé exact du titre donné est “le réseau professionnel, tous expert ?”
==> Ah… la notion d’expert ! Une présentation pleine d’humour et d’intérêt.
3. L’identité numérique, une notion présentée par Richard Collin, professeur à l’EMSI de Grenoble et directeur associé de Nextmodernity, sous l’intitulé “réseau personnel et visibilité, l’identité numérique”
==> Une présentation très vivante et pleine d’intérêt qui motive définitivement pour s’insérer dans un réseau.
4. En matière de recherche d’emploi, le réseau peut-il être utile ? c’est ce que nous a expliqué Jean-Pascal Szelerski, directeur des services web à l’APEC en nous présentant l’accord Apec/Linkedin et l’apport que cela représente pour ceux qui cherchent un poste. Son intitulé “l’accord Apec Linkedin, motifs et objectifs”
==> Indéniablement une belle possibilité à ne pas manquer d’utiliser lorsque l’on a besoin des services de l’Apec
5. Le point de vue d’un recruteur sur l’utilité de l’appartenance à un réseau professionnel par Christophe Blazquez, consultant en recrutement et gestion de carrière. Son intitulé “le e-recrutement, retour d’expérience”
==> Les réseaux, un outil qui sert aussi aux chercheurs de tête, ne l’oublions pas.
6. Quelle utilité pour l’entreprise ? C’est ce à quoi a répondu Eric Delcroix, professeur associé à l’UFR IDIST Lille III et directeur de Ed productions. Son intitulé : “réseau professionnel virtuel : à quoi peut servir pour moi et mon entreprise l’investissement dans un réseau”
==> Une présentation très intéressante et bien illustrée que j’aurais aimée voir plus longue pour mieux entrer dans le détail
7. Un exemple de réseau professionnel, celui de l’EBSLG (European Business Schools Librarians’ Group) présenté par Agnès Melot, responsable de la bibliothèque d’HEC
==> J’ai dû malheureusement partir au début de la conférence, à mon grand regret
En conclusion, la table ronde avait pour but de réfléchir aux apports réels et aux limites du réseau tant dans la vie personnelle que professionnelle et tenter de savoir s’il s’agit d’une perte de temps ou d’un retour sur investissement. J’espère que sa synthèse sera mise en ligne sur le site de l’ADBS.
Ma conclusion personnelle :
Je n’ai pas regretté ma participation car la journée était vraiment intéressante, mais j’ai trouvé que le côté “pratique”, style “je rentre et je m’y mets” était un peu manquant.
– quelles différences entre les différentes plateformes ?
– sur quels critères choisir ?
Quelques notes sur chaque conférence
1. pourquoi s’inscrit-on dans un réseau, comment on le choisit, comment on s’y implique
Illustrations (connues) de présentation des réseaux existants (cartes, listes, circuits, nuages…)
Obs. glb : exemples de carte / autre carte / liste ; 1001 logos de par le monde
et la fameuse carte du métro
Le nœud de chaque réseau, c’est l’individu qui établit un processus de simulation selon des degrés divers car chaque individu a une variété de faces et fragmente plus ou moins sa visibilité entre être et faire, entre réel et projeté.
A noter que les individus se définissent moins par ce qu’ils sont que par ce qu’ils font.
Dominique Carderon retient quatre types d’identités :
– un paravent
plus ou moins grand et épais face à l’identité civile : sexe, âge, nom, localisation, photo personnelle, humeur, surnom…(Meetic)
– le clair obscur
pour une identité narrative : pseudo, photo, journal intime, journal littéraire, famille, … (Facebook, Skyblog…)
– le phare
en tant qu’identité agissante : engagements sociaux, passions, amis en ligne, pratiques amateurs (Flickr, wikis…), communautés d’intérêts, amis en ligne (Youtube, Myspace)
– la lanterne magique
il s’agit là d’identités virtuelles pour les jeux en ligne et leurs personnalités d’emprunt (anti web2.0
D’après lui plusieurs lectures de cette typologie sont possibles. Il en dénombre 7 et en présente 5. Voici celles que j’ai retenues :
1e lecture : que montrer, que voir ? (se cacher/se voir, montrer/cacher, se voir et cacher)
2e lecture : l’articulation des sphères intimes, divertissantes, hétérogènes (privé/professionnel)
3e lecture : connus et inconnus (search & meet, bonding, bounding, Second life (simulation sociétale virtuelle, permettant de vivre une “seconde vie” sous la forme d’un avatar))
Comment chercher, comment trouver cette hétérogénéité des personnes ? par le type de navigation
– navigation “relationnelle” par la visite aux amis (Blogroll (liste de liens vers d’autres blogs))
– par sérendipité au hasard de la filiation (bookmarks, groupes, tags, rss, recommandation, newsfeed (informations sur l’activité de ses contacts…))
– par rapport à l’instant ou aux cartes (évènement, notes, géolocalisation…)
– selon le territoire projeté (territorialisation et territorialité en tant que processus de construction de réseaux sociaux)
2 – Aujourd’hui, tous experts ?
En introduction Jérôme Delacroix différencie les termes de savant, spécialiste, expert (qui veut dire un homme averti, un connaisseur).
Attractivité/répulsion provoquée par le mot “expert” :
Nous sommes dans une république des experts à une époque qui a le culte de la prospective et qui produit ce qu’il appelle des “rapports d’étagères” (ceux dont l’utilité est douteuse).
Quand l’individu s’exprime :
Nous sommes passés du web 1.0 qui était une mine de contenus avec ses liens hypertextes et ses sites marchands au web 2.0 dont la spécificité est le lien social (blogs, forums, wikis), ce qui permet à chacun de s’exprimer.
Les “Proams” (professionnels amateurs)
Souvent en lien avec le mouvement “open source”. Y correspondent les wikis et les forums d’entraide.
Le jargon 2.0
Le web 2.0 a généré un vocabulaire de mots valises, genre “foules intelligentes”, “sagesse des foules”, “intelligence collective”, “débats participatifs”…
Les initiatives concrètes
en matière d’expression : Agoravox (internautes journalistes), rue89 et Le Post (voix médiane, journalistes et internautes), Citizendium (wiki, validation par des experts), et dans les entreprises.
Questions renouvelées
. qu’est-ce qu’une connaissance qui fait autorité ?
. sur quoi repose la confiance ?
L’ère de l’abondance
C’est le contenu qui est abondant, pas l’expertise.
La voix du milieu est-elle apportée par la folksonomie ? Jérôme Delacroix estime que cette réponse n’est pas toujours suffisante.
Nouveaux rôles des documentalistes
Parmi ceux-ci, et en conclusion, Jérôme Delacroix cite
– l’analyse du contenu
– faire la bascule entre le structuré et le non-structuré
– trouver un équilibre entre taxonomie (science des lois de classification) et tagsonomie
(je vous propose sur le sujet d’aller voir ce billet du blog Coopératique)
– inventer les règles d’indexation des vidéos, sons et images
– faciliter la migration des connaissances livresques vers le web sémantique
Quelques notes prises lors des questions/réponses
==> il faut apprendre à gérer cette nouvelle sociabilité aux multi appartenances
==> l’identité, ce n’est pas comme un vêtement, c’est une affaire de profondeur : être capable de prendre de la distance avec soi-même
==> Facebook est non seulement un réseau, c’est aussi des applications qui permettent aussi de gérer des répertoires, des projets, des évènements. Est également utilisé par de grosses entreprises comme intranet.
==> ce qui fait qu’un réseau va être vivant et attractif :
. facilité d’usage (ergonomie)
. vu comme un passage obligé
. nécessité d’un animateur (le tout contributif est un mythe) à l’écoute et qui encourage l’entraide
. donner des conseils d’utilisation
. il faut valoriser le wiki par un travail de synthèse
==> le rôle du docmentaliste : retravailler tout ce qui est du domaine de “comment qualifier cette information” (tags)
==> si l’on a plusieurs avatars (surnoms), il faut bien réfléchir à leur gestion
==>quelques points sensibles :
. les aspects juridiques
. savoir prendre des risques avec son image, i.e. avoir une aisance sociale (personnel/professionnel)
. la suppression plus ou moins facile de sa participation à un réseau
==> exemple de Cisco aux Etats-Unis pour motiver les jeunes qu’ils recrutent à rester dans l’entreprise. Elle réfléchit sur comment redéfinir les frontières personnel/professionnel
3 – réseau personnel et visibilité, l’identité numérique
L’enjeu de l’identité, c’est de laisser des traces. (Voir le livre de Michel Serres, Mal propre (réf.)
Le premier tag a été posé par les prostituées d’Alexandrie qui inscrivaient leur nom sous leurs semelles pour laisser leur trace sur le sable.
Dans nos métiers, nous aidons à résoudre les problèmes en mettant l’information à disposition : l’essentiel du travail devient de la communication. Or, communiquer c’est construire ensemble un monde virtuel de significations partagés ou en débat et décupler ainsi les connaissances individuelles.
Chacun devient un entrepreneur de connaissances par sérendipité et synchronicité.
Toute signification est un réseau de liens. Nous sommes les porteurs de sens (nous résonnons au lieu de raisonner). Nous sommes des connecteurs.
L’identité numérique, c’est le regard porté sur nous par les autres. Ce n’est pas contrôlable. Nous ne pouvons pas gérer ce regard. Nous passons ainsi de l’identité objective à la réputation.
(obs. glb : cf cartographie de l’identité numérique reprise par Richard Collin
Et à partir de là, il faut faire confiance (ex. banques ont ~20 % de contentieux, microcrédit, 1,5 %) et ne pas hésiter à la mesurer ou à la protéger grâce à des outils comme RapLeaf, IKarma, MyID…
Conclusion : il ne faut pas avoir peur de vivre sa vie numérique et de laisser sa trace. Pour R. Collin, il faut être solidaire, humble et avancer. La vraie vie est numérique, c’est celle du traitement de l’information.
4 – l’accord Apec Linkedin, motifs et objectifs
Pour J.P. Szelerski, un réseau social est un réseau de mise en relation.
Le réseautage consiste à gérer ses relations avec son entourage proche (liens forts) et moins proche (liens faibles).
Réseaux les plus utilisés : MySpace, Facebook, Linked et Viadéo (français)
Pour l’Apec, l’enjeu est de faire des réseaux un complément de service à valeur ajoutée.
A ce jour 16.000 comptes sur le réseau Linkedin
Pour lui aussi il faut savoir gérer sa e-réputation et mettre une frontière professionnelle/personnelle.
5 – le e-recrutement, retour d’expérience
Ch. Blasquez souligne l’importance du vecteur Internet pour trouver un emploi : les sites d’emploi, les réseaux sociaux (SecondLife, Facebook…), les sites d’entreprises et les chats.
Passer par un réseau donne une information plus complète qu’un CV ; cela démontre ses capacités relationnelles et donne des indications sur la nature de ces capacités. Cela permet aussi d’être contacté par les e-recruteurs.
6 – réseau professionnel virtuel : à quoi peut servir pour moi et mon entreprise l’investissement dans un réseau
Pour Eric Delcroix en raison du nomadisme de plus en plus grand et des interfaces actifs, il n’y aura bientôt plus de disques durs pour stocker nos informations.
Ceci entraînera une vigilance nécessaire quant aux problèmes d’homonymie, d’identité numérique, de diffusion de ses données personnelles/professionnelles.
Les groupes se renforceront en matière
– d’évènements (barcamp, …)
– d’intérêts (défendre les bibliothèques sur le web 2.0, …)
C’est par une application que l’on pourra participer de type “MyOffice”
Obs. glb : voir son livre “Facebook, on s’y retrouve”
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Quelques sites en lien avec le sujet (obs. glb)
– http://www.internetactu.net/2007/09/28/comprendre-le-graphe-social/
– http://www.fluctuat.net/blog/5868-Reseaux-esthetiques
– http://webilus.com/illustration/nombre-dinscrits-mondiaux-dans-les-univers-virtuels