Point de départ de ce billet

Parmi les nouveaux livres sortis, un titre a attiré mon attention “Le Mundaneum – Les archives de la Connaissance” par Raphaèle Cornille, Stéphanie Manfroid et Manuela Valentino aux éditions Les Impressions nouvelles.
Guide de 95 pages pour découvrir ce centre d’archives et d’expositions installé depuis 10 ans à Mons en Belgique et en retrace l’histoire.

Le mot Mundaneum m’a interpellée et un peu de culture ne faisant jamais de mal j’ai creusé ce que pouvait être le Mundaneum puisque je n’avais pas le livre sous la main.

Enfin, j’ai d’autant eu envie de creuser le sujet qu’il concerne Paul Otlet, l’un des deux fondateurs.
Tout professionnel de l’information connaît l’importance de son rôle dans nos métiers.
Ainsi, en 1934 il publie son fameux “Traité de documentation“,

véritable testament philosophique qui demeure un ouvrage de référence en la matière et a été déterminant pour la conception moderne de la documentation, terme dont on lui attribue parfois la paternité.

Qu’est-ce que le Mundaneum ?

A la fin du XIXe siècle, l’objectif premier de ces deux fondateurs est de rassembler tous les savoirs du monde dans un lieu dédié à la connaissance et à la fraternité.
Paul Otlet et Henri La Fontaine sont deux juristes belges, pacifistes, humanistes et sénateurs.
Le premier est aussi fondateur d’un journal juridique et passionné de classification,
le second est franc-maçon et Prix Nobel de la Paix (1913).

Le projet visait à rassembler l’ensemble des connaissances du monde et à les classer selon le système de Classification Décimale Universelle (CDU) qu’ils avaient mis au point.
Ils se sont inspiré de la classification Dewey (Decimal Classification (DC), imaginée par l’américain Dewey) pour répondre de manière plus adéquate au problème complexe du classement des documents.

En effet, alors que le bibliothécaire américain avait introduit en 1874 sa méthode de classement en la basant sur une division des connaissances en dix classes, Otlet et La Fontaine enrichissent le système par l’adjonction de sous-classes et de signes destinés à affiner les possibilités descriptives pour classer et répertorier les documents.
Et n’oublions pas que le format des petites fiches bibliographiques que l’on retrouvent dans toutes les bibliothèques du monde, c’est encore Otlet.

Créé au départ en tant que centre de documentation à vocation universelle (“c’est une superstructure centralisée capable de conserver le savoir universel, de le traiter et de le diffuser à travers le monde)”, le Mundaneum aura du mal à vivre et sera fermé en 1934. Il ne renaîtra qu’en tant que centre d’archives et d’exposition en 1998 à Mons.
Otlet et La Fontaine imaginent la construction d’une Cité mondiale à laquelle s’intéressent les architectes Le Corbusier et Jeanneret, mais elle ne verra jamais le jour

Paul Otlet, un précurseur

En ce qui concerne Otlet, cet homme remarquable était tourné vers l’avenir. N’a t’il pas eu l’intuition d’Internet ?

la table de travail ne serait plus chargée d’aucun livre. À leur place se dresse un écran et à portée un téléphone. Là-bas au loin, dans un édifice immense, sont tous les livres et tous les renseignements… De là, on fait apparaître sur l’écran la page à lire pour connaître la réponse aux questions posées par téléphone, avec ou sans fil. Un écran serait double, quadruple ou décuple s’il s’agissait de multiplier les textes et les documents à confronter simultanément ; il y aurait un haut parleur si la vue devait être aidée par une donnée ouïe, si la vision devait être complétée par une audition. Utopie aujourd’hui, parce qu’elle n’existe encore nulle part, mais elle pourrait bien devenir la réalité pourvu que se perfectionnent encore nos méthodes et notre instrumentation. Et ce perfectionnement pourrait aller jusqu’à rendre automatique l’appel des documents sur l’écran, automatique aussi la projection consécutive…”

Il pensa également au e-book

On peut imaginer le télescope électrique, permettant de lire chez soi des livres exposés dans la salle « teleg » des grandes bibliothèques, aux pages demandées d’avance. Ce sera le livre téléphoné“.

il a également écrit le “Traité de paix générale“, charte mondiale déclarant les droits de l’humanité et organisant la confédération des Etats parue en 1914 dont on retrouvera en partie les idées lors de la préparation de la création de la Société des Nations (organisation internationale introduite par le traité de Versailles en 1919 avec pour objectifs le désarmement, la prévention des guerres au travers du principe de sécurité collective, la résolution des conflits par la négociation et l’amélioration globale de la qualité de vie). La SDN sera remplacée en 1945 par l’ONU (Organisation des Nations unies)

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sources

http://www.mundaneum.be/
http://bbf.enssib.fr/sdx/BBF/frontoffice/1996/04/document.xsp?id=bbf-1996-04-0096-012/1996/04/fam-critique/critique&statutMaitre=non&statutFils=non
http://blog.france3.fr/cabinet-de-curiosites/index.php/2007/10/14/60218-lhomme-qui-voulait-classer-le-monde
http://www.castalie.fr/article-16517785-6.html
http://www.intercdi-cedis.org/spip/intercdiarticle.php3?id_article=691
http://savoirscdi.cndp.fr/culturepro/biographie/otlet/otlet.htm
http://fr.wikipedia.org/wiki/Classification_d%C3%A9cimale_de_Dewey

Bibliographie
L’homme qui voulait classer le Monde, Françoise Levie, aux éd. Les Impressions Nouvelles, 2006
Extraits accessibles
Le Mundaneum – Les archives de la Connaissance” par Raphaèle Cornille, Stéphanie Manfroid et Manuela Valentino aux éd. Les Impressions Nouvelles, 2008
Traité de documentation. Le livre sur le livre. Théorie et pratique, Paul Otlet, Editions Mundaneum. (Bruxelles: D. Van Keerberghen & fils, 1934), 432p – épuisé, mais accessible sur Internet sur le site des archives institutionnelles de l’Université de Gand (accepter le certificat)