Il y a les ‘farouchement contre’ travailler dans le secteur public et vice versa. Et chacun décide (…encore que…) de démarrer sa vie professionnelle plutôt dans le privé ou plutôt dans le public.

Pourquoi ce billet a priori détonnant ? Parce qu’une jeune femme sur l’une de mes listes de diffusion s’inquiète de savoir si elle peut encore ‘virer’ vers le public après 10 ans passés dans le privé. Et que j’ai trouvé le sujet intéressant à méditer.

Si elle semble ignorer que la limite d’âge pour passer des concours de la Fonction publique (territoriale, hospitalière ou d’Etat) a été supprimée depuis 2005, elle sait les opportunités de postes en tant qu’agent contractuel (*) de droit public ou de droit privé (pour les non-initiés, les contrats de droit privé sont possibles dans les EPIC et certains EPA(**)) qui permettent également de trouver des postes intéressants.

Mais elle s’étonne que suite à ses candidatures elle n’ait jamais été convoquée et connait d’autres cas que le sien. Elle pense “que le passage du privé au public n’est pas aussi évident, même si je n’ai pas encore réussi à comprendre pourquoi à l’heure où l’on parle de flexibilité, de la mixité des profils. Et ajoute quelque chose de très juste “On aurait tous à y gagner.”

La non convocation n’a rien de surprenant : notre CV peut nous sembler correspondre exactement au profil recherché… et qu’il y en ai d’autres encore mieux que le nôtre. Ce qui me fait dire aussi sur le sujet que les employeurs qui ne donnent pas signe de vie ou avec trois mois de retard sont inqualifiables.

Parmi les réponses reçues, j’ai noté deux points relevés

– le niveau de rémunération du postulant venant du privé, qui pourrait inquiéter les recruteurs publics
Il ne faut pas confondre : ce n’est pas parce que l’on vient du privé que l’on y avait un salaire mirobolant, et même si l’on était mieux payé, chacun peut (ou plus souvent doit, hélas) accepter un salaire moindre par nécessité de vie ou goût d’une nouvelle expérience.
De toute façon, pas question de tricher : il arrive que des agents comptables exigent une fiche de paie de l’employeur précédent.

– la crainte que l’exercice du travail dans le public soit trop différente de celles du privé et qu’à ce titre le postulant s’adapte difficilement
Alors là, je ne peux m’empêcher de sourire. Nous progressons ! Cela veut dire qu’a minima le monde du public prend conscience que son rythme est moins… comment dire ? rapide ? exigeant ?
Pour avoir débarqué dans un établissement public à une période de chamboulement important, je peux dire qu’effectivement le monde que je trouvais n’avait rien à voir avec celui que je quittais et que ce fut parfois dur de ne pas s’énerver. Mais le monde du public bouge, ses exigences de travail deviennent plus nettes et la différence s’atténue. Même avec ses particularités de management. L’évolution est bien est là.

J’ai un jour dit à un fonctionnaire que je trouvais que la vie de travail de chacun devrait obligatoirement se dérouler et dans le monde du privé et dans le monde du public. Car ni l’un ni l’autre ne sont parfaits et il y a du travail intéressant à faire dans les deux. Cela permettrait de faire taire les a priori et les idées reçues sur les uns comme sur les autres.
Je persiste et je signe 🙂

____________

(*) Dans les trois fonctions publiques (d’Etat, territoriale et hospitalière), les postes doivent être tenus obligatoirement par des fonctionnaires (art. 3 de la loi de 1983). Et chacune relève d’un statut.
Un recrutement dérogatoire permet toutefois d’embaucher pour une durée déterminée ou indéterminée
. des ‘agents non titulaires’, dont le contrat de travail est de droit public
. des ‘agents non fonctionnaires’ ou ‘agents non titulaires’, dont le contrat de travail est de droit privé
Tous confondus, ils représentent un emploi sur cinq.

(**)
EPIC = Etablissements publics industriels et commerciaux (comme les Chambres de Commerce)
EPA = Etablissement public administratif

____________

Pour en savoir plus, cf
le site de la DGAFP
– la loi du 13 juillet 1983 portant sur les droits et obligations des fonctionnaires